3 questions à Agnieszka Gac-Zuppinger

Kategorie Netzwerk | mercredi 12 mars 2025

«Manger, c'est plus que simplement s'alimenter, c'est aussi une question d'identité, de culture et de responsabilité. Nous devons renforcer le lien entre les producteurs et les consommateurs afin de permettre à tout le monde de se nourrir de manière durable et juste. »

Au cours de sa carrière professionnelle, Agnieszka Gac Zuppinger a emprunté de nombreux chemins, de l'étude de marché au travail dans des organisations internationales. Mais finalement, son destin l'a ramenée à ce qui la passionne le plus : l'art visuel et gustatif de la nourriture.

Aujourd'hui, en tant que présidente de Slow Food Vaud, elle s'engage en faveur d'une alimentation bonne, propre et juste. Dans cet entretien, elle nous explique pourquoi elle considère que le lien entre les producteurs et les consommateurs est essentiel, quel rôle joue le patrimoine culinaire à cet égard et sa vision de l'évolution du système alimentaire suisse.


Slow Food Suisse: Quel est votre lien avec Slow Food ?
L’importance d’une bonne alimentation prend, depuis mon plus jeune âge, une place très importante dans ma vie. Au fil du temps, j’ai pris conscience des travers de la production alimentaire industrielle : simplification outrancière des filières de production et de transformation, pression sur les prix, gestion des invendus.

Initiée par des amis italiens, je suis le mouvement Slow Food quasiment depuis ses débuts. Avant de devenir membre active de Slow Food, accompagnée de mon époux Philippe, je me suis rendue à plusieurs reprises au salon Terra Madre, découvrant la richesse du patrimoine culinaire du monde.

Membre de Slow Food depuis 2012, j’ai intégré le comité de Slow Food Vaud en 2023 et j’ai été élue présidente de ce convivium en 2024.

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Que signifie pour vous une alimentation, bonne, propre et juste ? Comment cela fait-il écho à votre histoire ?
A l’occasion de mes voyages, j’ai pris la mesure de l’importance du patrimoine culinaire qui fait, selon moi, patrie intégrale de l’identité de chaque région et de chaque pays.

Les populations qui ont la meilleure espérance de vie se situent généralement dans des régions périphériques, dans un cadre préservé et avec des moyens limités. En conséquence, elles vivent et s’alimentent au rythme de la nature et des saisons, dans des circuits courts. 

Il est difficile d’appliquer tel quel ce modèle dans notre culture de consommation en interaction avec le village global. Fort peu de monde veut retourner à la frugalité du mode de vie des paysans de montagne de nos grands-parents ! Ce n’est toutefois pas une fatalité.

Ainsi, je tiens à souligner l’importance de l’éduction du consommateur, dès le plus jeune âge, relative à son alimentation, le travail des producteurs, les difficultés de la vie agricole et de l’artisanat. Tout le monde au sein de cette chaine, doit pouvoir y avoir accès. Les prix doivent être accessibles aux consommateurs et les producteurs et artisans doivent pouvoir vivre décemment de leur travail.

Je voudrais profiter de mon rôle au sein de Slow Food pour être un trait d’union entre le consommateur, qui a souvent une vision très romantique de la production alimentaire, et la réalité du terrain des producteurs.


Qu'est-ce qui vous inspire le plus actuellement en matière de nourriture/alimentation/système alimentaire en Suisse ? 
L’engouement engendré par la covid pour une alimentation de proximité est malheureusement totalement retombé. La route des supermarchés, dont le but est orienté vers la rentabilité immédiate, est à nouveau grande ouverte, laissant les petits producteurs, comme les transformateurs et épiceries, dans la précarité.

Toutefois, le système alimentaire suisse est à l’image de ces citoyens. L’aise économique relative de la classe moyenne suisse comparée au reste de l’Europe et son système politique font que les habitants de notre pays ont globalement accès à une alimentation de meilleure qualité et avec des circuits généralement plus courts que leurs voisins européens.

Les associations comme Slow Food doivent être une caisse de résonnance amplifiant la prise de conscience des citoyennes et citoyens de ce pays.

A propos de la personne

Agnieszka Gac Zuppinger

Co-présidente de Slow Food Vaud et photographe culinaire passionnée. Après un parcours entre études littéraires et organisations internationales, elle a choisi de se consacrer à l’artisanat alimentaire. À Cronay, elle pétrit un monde plus slow food, un pain au levain après l’autre.

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